Le blog de Véronique

Des Livres et des Rêves

Les lectures de Véronique 2023

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1/100. Jaume Cabré, « Voyage d’hiver » Nouvelles traduites du catalan par Edmond Raillard – Actes Sud Babel

Né à Barcelone en 1947, Jaume Cabré a été récompensé du Prix d’Honneur des Lettres Catalanes en 2010. Il est notamment l’auteur de « Confiteor » couronné par de nombreuses distinctions. En France, son œuvre est publiée chez Actes Sud.

Le lien entre les nouvelles est la musique : Bach, Schubert, Mozart…Les titres sont énigmatiques : « Poussière », « Finis coronat opus », « Plop ! »… Certaines dramatiques comme celle évoquant la partition diabolique sortie de l’esprit tourmenté du fils de J .-S Bach, tragique avec ce petit garçon contraint de devenir un assassin dans l’Enfer de Treblinka. L’humour noir est présent comme dans « Plop ! », onomatopée évoquant le bruit du silencieux employé par d’étranges tueurs à gages.

L’autre point commun entre ces nouvelles est la beauté du style. C’est pourquoi, j’ai nommé le nom du traducteur : Edmond Raillard ! C’est un art que la traduction, quand elle donne une langue aussi belle, aussi riche, aussi pure que percutante.

J’ai pris le temps de lire ces textes, savourant chacun d’eux avec gourmandise. Je lis énormément, souvent cédant à la facilité. Mais, là, à la fin, j’ai simplement dit « Enfin de la Littérature ! »

2/100. Maxime Chattam, « La constance du prédateur » – 448 pages

Il s’agit de la 4ème enquête de Ludivine Vancker, lieutenant de gendarmerie, qui m’avait déjà fait trembler d’angoisse lors de ses précédentes affaires. Et qui m’avait même causé des nuits blanches, tant je refusais de l’abandonner en plein danger. Car, sachez-le : quand Maxime Chattam écrit un roman, il s’empare avec constance de ses lecteurs afin de les entraîner dans son univers. Un monde habité par des gens comme vous et moi, mais aussi par des prédateurs redoutables.

En l’occurrence, Ludivine quitte sa brigade à Paris pour un poste au sein du département des sciences du comportement à Pontoise. Et son arrivée est d’autant plus attendue qu’une quinzaine de corps de femmes vient d’être découvert dans une mine. Les premiers indices : des cadavres d’oiseaux et d’étranges croix. Le tueur surnommé Charon semble fasciné par la mort et, pour le traquer, Ludivine et ses collègues n’ont pas le choix : il va falloir entrer dans la tête de l’assassin.

Ce qui est particulièrement troublant dans ce roman, c’est que l’auteur alterne les points de vue. On se retrouve donc dans la tête de Ludivine, mais aussi dans celle du serial killer, y compris durant les pires atrocités, mais aussi dans celle de sa dernière victime, Chloé, une mère de famille kidnappée par celui qu’elle surnomme « L’ordure ».

Si j’avais moins accroché au tome 3, j’ai retrouvé le rythme et le suspense insoutenable des deux premiers tomes. Ludivine est vraiment mon enquêtrice préférée, car je la trouve profondément humaine. Et cette fois encore, j’ai tremblé pour elle !

Maxime Chattam est vraiment un romancier épatant, capable de décrire de façon précise les lieux, sans en faire des tonnes. On sent bien le travail préparatoire minutieux afin de rester crédible, tant sur le plan scientifique que psychologique.

Un roman donc assez dur, violent, qui ne plaira pas aux âmes sensibles. Mais, qui ravira les inconditionnels des thrillers remplis de rebondissements et de coups tordus. Coup de cœur !

3/100 Louise Tremblay d’Essiambre, « Histoires de femmes. Tome 4 : Agnès, une femme d’action »    257 pages : voir « Les lectures de Véronique 2022 pour la chronique des tomes précédents

Je suis très heureuse d’avoir pris l’abonnement Audible, car non seulement les lecteurs sont extrêmement talentueux, mais le catalogue est très diversifié. Surtout Audible a eu la bonne idée d’offrir des titres gratuits à ses abonnés. Ce fut le cas pour la saga de 4 tomes « Histoires de femmes » de l’écrivaine québécoise Louise Tremblay d’Essiambre. Peu connue en France, elle a pourtant vendu plus de deux millions d’exemplaires de sa vingtaine de romans.  Et j’ai ainsi pu découvrir son talent.

Une découverte pas si simple. D’abord parce que le style de l’auteure est extrêmement lent, puisqu’elle peint le quotidien de femmes : pas de péripéties, ni de suspense. Donc très différent de ce qu’on lit aujourd’hui. Par ailleurs, la lectrice Denise Tessier est elle-même québécoise et son accent, une fois qu’on en a pris l’habitude, est savoureux : il nous aide encore plus à plonger dans le Manoir des O’Gallagher de 1930. Cette fois, le titre indique que c’est Agnès qui sera l’héroïne. Mais, en réalité, c’est l’amour qui est au centre de l’intrigue : Agnès prépare en secret son mariage avec Fulbert. Marion sa meilleure amie aime aussi le même Fulbert : sera-ce la fin de leur belle amitié ? D’autant que depuis toujours, James O’Gallagher aime Marion : leur amour sera-t-il possible du fait de leurs rangs sociaux respectifs ? Et la jeune cuisinière le verra-t-elle autrement que comme un ami ?

De son côté, Mme Eléonore, la cuisinière et patronne de Marion, est elle-même tombée sous le charme du Majordome et les préparatifs de leurs noces perturbent les deux célibataires aguerris au point qu’on peut se demander si ces deux-là parviendront à s’entendre. Enfin, on retrouve Félicité, cette vieille dame si attachante, qui met en péril sa santé pour soigner son vieil ami sur le point de mourir.

Comme on le voit, c’est vraiment le quotidien qui rythme cette histoire : les préparatifs des mariages, des repas. De longues discussions entre les personnages, émaillés bien sûr d’expressions québécoises.

C’est avec bonheur que je vais enchaîner avec la saga « Du côté des Laurentides », qui va me permettre de retrouver Agnès pour son premier poste d’institutrice. J’espère aussi avoir des nouvelles de Marion et James, de félicité et d’Eléonore, car je me suis énormément attachée à ses personnages.

J’aime aussi énormément les prologues de la romancière, qui nous présente ses personnages comme des connaissances, qui viennent la visiter pour se confier à elle. Espérons que Marion vienne vite la revoir !

4/100 Emilienne Malfatto, « Le colonel ne dort pas » 111 pages

Certains se demandent parfois pourquoi participer à un défi lecture. Tout simplement pour sortir de sa zone de confort. Ainsi, le défi de cette année demande de lire un roman comprenant un grade militaire dans le titre. Me voilà donc partie à la médiathèque et le premier livre qui a croisé mon regard (oui, je personnalise les livres, qui ont pour moi tant d’esprit, de cœur et de corps !) s’intitule « Le colonel ne dort pas ». En ce lieu magique, demeurent tant d’ouvrages que, sans ce défi, malgré ce titre énigmatique, j’aurais sans doute passé mon chemin.

Cela aurait été fort regrettable, car alors je n’aurais pas lu ce petit bijou littéraire.

Parlons d’abord de l’autrice. Emilienne Malfatto est une auteure, photojournaliste et photographe documentaire indépendante française née en 1989. Elle est lauréate du prix Goncourt du premier roman 2021 pour son livre « Que sur toi se lamente le Tigre » et du prix Albert-Londres pour « Les serpents viendront pour toi : une histoire colombienne ».

Pour la découvrir, je vous invite à suivre son interview (écoutez-la car le sous-titrage est nullissime) : https://www.youtube.com/watch?v=YoMFNX4OXXA

En 2022, est donc sorti ce court roman « Le colonel ne dort pas ». Trois personnages : un colonel insomniaque d’avoir trop questionné d’ennemis (le verbe est ici au sens premier : comprenez : « torturé »), son aide de camp silencieux, tellement en retrait que le colonel envisage de le dénoncer comme opposant, et un général qui sombre dans la folie. Entre chaque chapitre (sont-ce vraiment des chapitres ?), des poèmes.

On ne sait si on est dans un cauchemar. La Ville est vide, comme le Palais. Les bombes tombent et se taisent, lancées par on ne sait qui. Les Ennemis semblent avoir abandonné, et les victimes du Colonel se font rares. Il sent que, bientôt, un Nouveau Dictateur remplacera le précédent.

Condamnation de la guerre et de ses horreurs par l’Absurde. Une prose poétique, très percutante. Ce roman m’a fait penser à Prévert et à sa « Tentative de description d’un dîner de têtes à Paris », qui m’avait tant enthousiasmée à 19 ans, quand je l’avais découvert. Si vous ne connaissez pas, découvrez le texte lu par Reggiani : https://www.youtube.com/watch?v=dblcBRG-xSQ

 

 

Pas de date, pas de lieu, pas de nom. Car ce texte est intemporel.

Des poèmes simples et pourtant si nets : « Un écusson de tissu de / rien du tout / voilà à quoi tient l’ennemi ».

Une très belle découverte littéraire !

 

5/100 J K Rowling, « Jack & La grande aventure du cochon de Noël » 352 pages

Un an qu’on me l’avait offert pour Noël et, malgré mon impatience, j’ai attendu !  Je l’ai commencé quelques jours avant ce Noël et l’ai fini après le Nouvel An, pour le savourer et prendre le temps de prolonger la magie !

Car, ce roman est magique ! Comment expliquer autrement cette émotion qui a ravivé des souvenirs de mon enfance ? Quelle aventure extraordinaire que celle de ce petit garçon qui va affronter mille dangers pour retrouver son petit cochon qui lui sert de confident depuis toujours et qu’une sœur en colère a jeté ! N’était-on soi-même pas prêt.e, enfant,  à affronter mille périls pour sauvegarder notre meilleur ami « inanimé » ? Cochon, ours, lapin, poupée, peu importe au fond ! Vous retrouverez certainement bien des souvenirs enfouis en suivant Jack.

Quelle conteuse formidable que J.K Rowling ! Si j’avais été un peu déçue par « L’Ickabog », j’ai retrouvé sa plume enchanteresse dès les premières pages. Plongée dans cet univers certes enfantin mais toujours lié à notre monde.

Les illustrations de Jim Field sont magnifiques et on imagine aisément quel beau dessin animé ce roman pourrait donner.

6/100 J. L. Blanchard, « Le silence des pélicans » 317 pages

J’ai découvert ce roman grâce à une offre audible réservée aux abonnés. Comme j’avais adoré écouter la saga d’« Histoires de femmes » de Louise Tremblay d’Essiambre lu avec l’accent québéquois, je n’ai pas hésité une seconde à poursuivre la découverte des auteurs de La Nouvelle-France.

Quel plaisir cela fut ! Ce roman policier bourré d’humour m’a fait penser à ceux de San Antonio.

Une jeune fille est écrasée par une camionnette. Seul témoin : une vieille « itinérante », nom donné au Québec à ceux que les Français nomment « SDF ». Quel que soit le terme employé, elle n’est pas prise au sérieux et la mort est qualifiée d’accidentelle par les forces de l’ordre. Et ce n’est pas l’ inspecteur Bonneau -imaginez un mélange entre l’Inspecteur Clouseau et le roi Burgonde dans Kaamelott ! ou mieux encore Karadoc (car bien qu’étant d’une bêtise abyssale, notre Bonneau est persuadé qu’il est d’une grande intelligence !)- qui va les contredire ! Heureusement une nouvelle recrue vient d’arriver et le jeune Lamouche -surnommé La Mouche- va immédiatement démêler le vrai du faux.

Bonneau et son assistant aussi zélé que fine mouche vont poursuivre l’enquête et le délit de fuite va se transformer en un démantèlement incroyable : tout y sera comme dans une épopée : motards cinglés, assassins, pègre, terroristes ! On accumule affaires et ennemis pour le plus grand plaisir du lecteur.

Les jeux de mots se multiplient, tout comme les situations cocasses. On adore rire de Bonneau et on devient très vite le complice de Lamouche !

Un roman policier très second degré qui vous fera passer un bon moment de détente. Je lirai avec plaisir le tome 2 !

7/100 Laurent Gaudé « Chien 51 »   288 pages

J’ai découvert Laurent Gaudé l’an dernier à l’occasion d’un défi lecture (il s’agissait d’un roman qui avait enthousiasmé nombre de lecteurs et qui m’avait paru aussi ennuyeux qu’invraisemblable « Eldorado »), et c’est encore pour un challenge que j’ai choisi de lire « Chien 51 ». Je devais lire une dystopie et comme je ne suis pas très fan de science-fiction, je me suis dit que j’allais remplir cette catégorie en début d’année pour m’en débarrasser. « Chien 51 » était proposé en nouveauté dans ma médiathèque (sorti en août 2022). En lisant le nom de l’auteur, j’y suis allée encore plus à reculons et voilà pourquoi, il ne faut jamais se contenter de lire un seul livre d’un auteur avant de se dire qu’on l’aime ou pas.

Car, j’ai beaucoup apprécié cette lecture.

C’est à la fois un roman d’anticipation et un polar. Le point de départ s’ancre dans notre réel : la crise économique de la Grèce. Le pays est ruiné et une société, GoldTex, décide de le racheter. Les Grecs n’existent désormais plus et deviennent tous des salariés de la société. La jeunesse grecque se bat, se révolte, résiste ; mais, la répression est terrible. Parmi les habitants qui parviennent à fuir, en devenant d’office des « citoyens » de Magnapole, l’immense cité qui appartient à GoldTex, on trouve le héros du roman : Zem Sparak.

Magnapole est divisée en trois zones : la 1 et la 2 sont protégées par un dôme, et seuls les classes privilégiées y vivent. Dans la 3ème, les « pauvres », qui triment pour ce conglomérat, qui tombent malades, qui survivent dans une ville dévastée, polluée, en proie aux catastrophes climatiques. Entre chaque zone, des frontières qui empêchent les habitants de quitter leur zone. Cette partie m’a peu intéressée, car déjà traitée dans nombre de récits de science-fiction (que j’ai peu lus, mais beaucoup vus dans des films ou séries).

Ce que j’ai davantage apprécié, c’est ce mélange dystopie-polar. Car, un meurtre épouvantable a lieu et deux flics sont contraints de collaborer : Salia Malberg de la zone 2 et Zem Sparak (celui à qui le livre doit son titre « Chien 51″) de la zone 3.

Zem est le véritable héros du roman, jeune Grec qui est devenu un flic pour Biotech. Un exilé, qui a oublié jusqu’à son prénom. Héros à la Ulysse, mais qui ne peut plus rejoindre sa patrie, puisqu’elle a disparu trente ans auparavant. Héros fatigué, devenu un « chien » policier. Salia m’a moins intéressée, car son cheminement est plus stéréotypé : celle qui trouve formidable la société GoldTex et qui ouvre les yeux peu à peu.

L’enquête devient plus « classique », puisqu’elle aboutit à un complot entre rivaux politiques. Je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler les futurs lecteurs. Avec deux personnages intéressants, car on retrouve des « discours », des « désirs », des « ambitions ».

Me voici donc réconciliée avec la dystopie et avec Laurent Gaudé !  Ce qui m’a plu dans ce roman, c’est la symbolique en filigrane et la réflexion sur la mémoire. Celle de la transmission, de l’oubli. Sur les renoncements que notre société fait chaque jour et qui, hélas, nous amène peu à peu vers ce monde terrifiant.

Courte interview de l’auteur : https://www.youtube.com/watch?v=5rpgQpHU_lM&t=2s

Longue interview librairie Mollat : https://www.youtube.com/watch?v=Nn9-bC0gW5E

8/100 Terry Pratchett, « La huitième fille » –  Les annales du disque-monde. Tome 3 »

J’ai décidé l’an dernier de lire entièrement les Annales du disque Monde, ayant beaucoup apprécié la lecture aléatoire de quelques tomes. J’ai donc évidemment repris au début et voici le 3ème tome que j’ai adoré !

La tradition veut que juste avant sa mort, un mage en intronise un autre : le huitième fils d’un huitième fils. Sauf que le mage Tambour Billette commet une erreur : le bébé est une fille ! C’est trop tard ! La transmission a eu lieu ! Le père demande de l’aide à la sorcière du village : Mémé Ciredutemps. Celle-ci est catégorique : on n’a jamais vu ça : une fille peut être sorcière, mais pas mage ! Peu importe, elle prend l’enfant sous son aile et l’initie à la sorcellerie. Mais bientôt, les catastrophes s’enchainent et le grand voyage jusqu’à l’Université des mages débute avec son lot d’aventures !

Tout est génial dans les romans de Pratchett : la richesse de cet univers créé, la truculence des personnages – j’adore particulièrement Mémé Ciredutemps -, les noms des lieux et des personnages, les rebondissements et évidemment l’humour. Je suis admirative aussi de la beauté de la langue et on comprend que le traducteur de Pratchett, Patrick Couton, ait obtenu le Grand Prix de l’Imagination 1998. Bref, c’est très rapidement que je vais lire le tome suivant : « Mortimer ».

 

9/100 Fabrice Caro, « Samouraï »   220 pages

On m’a offert ce roman juste avant l’été et j’ai voulu patienter un peu avant de le lire, car j’adore me faire languir. J’attendais un roman amusant parfait pour mettre un peu de joie dans ces jours gris. La couverture plutôt joyeuse (une piscine) annonçait un roman divertissant, tout comme la critique des Inrockuptibles : « Fabrice Caro est probablement le mec le plus drôle du paysage littéraire français ». Sans doute en attendais-je trop… , car j’ai été un peu déçue.

J’ai trouvé la première moitié assez morose et ennuyeuse : le narrateur est déprimé d’avoir été quitté par sa copine qu’il présente comme l’amour de sa vie et par le décès de son ami d’enfance. Ses voisins lui confient leur piscine et il se dit que c’est le lieu idéal pour commencer son roman. Une sacrée pression, puisque son précédent a été un échec cuisant.

Chaque chapitre est l’occasion de dérouler ses trois obsessions : le roman, le décès, la séparation. Certaines anecdotes sont cocasses et m’ont fait sourire. Le souvenir de sa première visite chez ses ex-beaux-parents lors d’un apéritif dinatoire, ses remarques sur l’art moderne, ses vies fantasmées… C’est de l’humour par l’absurde, mais qui n’a pas vraiment fonctionné avec moi. En même temps, la veille, je riais avec Pratchett, donc la barre était haute.

L’écriture n’est pas vraiment travaillée, et j’avais davantage l’impression de lire des chroniques humoristiques qu’un roman.

Au final, il est pourtant divertissant, comme une petite sucrerie d’été, à la manière des romans « feel good » de Virginie Grimaldi, Aurélie Valognes ou Gilles Legardinier. Et entre deux thrillers, ça fait du bien !

 

10/10 « 13 à table » 189 pages

Recueil de nouvelles au profit des Restos du cœur : les auteurs sont : Françoise BOURDIN – Marina CARRÈRE D’ENCAUSSE – François D’EPENOUX – Karine GIEBEL – Raphaëlle GIORDANO – Alexandra LAPIERRE – Cyril LIGNAC – Agnès MARTIN-LUGAND – Romain PUÉRTOLAS – Mohamed MBOUGAR SARR

Le thème pour l’édition de l’année 2023 est « La planète et moi… ».

J’ai énormément aimé la préface de Thomas Pesquet. Courte, mais efficace et fort bien écrite. Elle s’accorde bien avec l’illustration de Riad Sattouf.

Les nouvelles sont très inégales, tant sur le contenu que sur l’écriture.

Deux m’ont particulièrement plu : celle d’ Agnès Martin-Lugand et celle de Mohamed Mbougar Sarr.

Une belle idée en tout cas que ces livres !

Je conclue avec cette jolie citation de Thomas Pesquet : « Lire aère l’esprit, lire déchiffre le monde, lire rapproche les peuples et fait émerger l’enfant en chaque adulte ».

11/100 Douglas Kennedy, « Les charmes discrets de la vie conjugale » 528 pages

Gros coup de cœur pour ce roman !

Le roman se divise en deux parties : la vie d’Hannah Buchan à deux périodes de sa vie : étudiante, puis jeune épouse et maman dans les années 60 ; et 30 ans plus tard.

« A vingt ans, au lieu de grimper sur les barricades et de se fondre dans l’ébullition sociale des années soixante-dix, elle n’a d’autre ambition que d’épouser son petit ami médecin et de fonder une famille. Installée dans une petite ville du Maine, Hannah goûte aux charmes très, très discrets de la vie conjugale. C’est alors que le hasard lui offre l’occasion de sortir du morne train-train de son quotidien : malgré elle, Hannah va se rendre complice d’un grave délit.

Trente ans plus tard survient le 11-Septembre, et avec lui le temps du doutes de la remise en question, de la suspicion. Le passé de Hannah va resurgir inopinément. Et du jour au lendemain son petit monde soigneusement protégé va s’écrouler… »

Hannah est extrêmement touchante et j’ai ressenti beaucoup d’affection pour elle et de peine, voire de colère, quand j’ai vu la série de catastrophes qui va lui tomber dessus ! Rien ne lui sera épargné et … au lecteur non plus !

Certes pas mal de longueurs dans certaines descriptions. J’avoue qu’à un moment j’ai commencé à trouver le temps un peu long ! Quoi de mieux au final pour se retrouver dans le quotidien morne d’Hannah ?

On voit bien l’évolution de l’Amérique à travers cette famille : des grands-parents activistes, opposés à la guerre du Vietnam, se battant pour plus d’égalités et trente ans plus tard, une petite fille trader et un petit fils ultra conservateur et puritain !

Le style en moins (et c’est normal car nous ne sommes plus à la même époque et les styles évoluent), j’ai songé à Flaubert et Balzac.

Flaubert, puisqu’Hannah est une Madame Bovary d’aujourd’hui (la référence est d’ailleurs citée) et Balzac, car à travers le destin de quelques personnages, quel beau portrait que la société !

Bref, plongez-vous sans hésiter dans ce roman ! Un sacré voyage à travers le temps !

12/100 James Herbert, « Sanctuaire »

 

 

 

 

Gros coup de cœur pour ce roman !

Alice, une petite fille sourde et muette, retrouve soudain la parole et l’ouïe après être restée fascinée devant un chêne centenaire, situé près de l’église de son village. Elle dit avoir été visitée par l’Immaculée Conception et se met à opérer des miracles. Très vite, le chêne devient un lieu de pèlerinage pour des milliers d’incurables et Alice acquiert une réputation de sainteté.

Toutefois, le curé de la paroisse s’inquiète et sa santé décline chaque jour davantage. Le clergé envoie pour le seconder Monsignor Delgard spécialisé dans les faits paranormaux. On confie à Gerry Fenn, le journaliste qui fut témoin de la guérison miraculeuse de l’enfant, de se pencher sur le passé de cette église. Ces trois hommes, deux très croyants et un totalement athée, devraient parvenir à résoudre ces mystères. Mais, quelles forces vont-ils croiser ?

La trame est assez classique et le rythme assez lent. Ce qui semble avoir déplu à nombre de lecteurs. Or, c’est ce rythme très lent à la manière de Stephen King qui m’a séduite. L’atmosphère est de plus en plus inquiétante au fur et à mesure qu’on avance dans le roman. J’ai beaucoup apprécié le journaliste et son évolution. Je l’ai trouvé extrêmement addictif et je n’arrivais plus à le lâcher !

James Herbert est l’un des principaux auteurs du genre littéraire de l’horreur. Il a vendu plus de cinquante millions de livres dans trente-quatre langues. Son premier succès fut son premier roman : « Les rats ». Il avait tout juste 28 ans !

Signalons que ce roman a été adapté au cinéma sous le titre « La Chapelle du diable » (« The Unholy »), film américain réalisé par Evan Spiliotopoulos, sorti en 2021. Avec Jeffrey Dean Morgan dans le rôle de Gerry Fenn. Un acteur que l’on connaît bien, puisqu’il a incarné l’odieux Negan dans « The Walking Dead » mais on a pu le voir aussi dans « Grey’s Anatomy » et « Supernatural ». Au cinéma, il a joué dans « The Comedian », « The Watchmen », « Rampage » et « P.S. I Love You ».

13/100 Paul F. Husson, « Meurtres en cuisine »  605 pages    Je remercie l’auteur qui m’a envoyé son roman afin que je le chronique.

Il s’agit d’un roman policier qui met en scène un commissaire en retraite particulièrement atypique : le commissaire Tourette. Il porte bien son nom, puisqu’il souffre du syndrome qui lui fait prononcer les pires insanités, dès qu’il est contrarié. Et hélas, cela arrive souvent, car il s’inquiète énormément pour sa femme de ménage, Mme Rybak, dont il est secrètement amoureux. Il l’a rencontrée lors d’une enquête précédente (contée dans “Double Exposition”). Une relation amicale s’est nouée entre eux, et ils finissent par passer une soirée par semaine à regarder ensemble à la télévision une émission de télé-réalité consacrée à la cuisine. On reconnaît aussitôt une sorte de Top Chef. Mme Rybak décide de s’inscrire et les deux compères se retrouvent bientôt sur les lieux du tournage. Bientôt, les accidents surviennent et une terrible malédiction s’abat sur les participants. Heureusement, Tourette mène l’enquête !

Présentateur sur le retour, productrice survoltée, participants un tantinet cinglés, et un chef étoilé mystérieux : on s’amuse autant des portraits épicés des personnages que des grossièretés de notre commissaire. Les décès s’enchaînent, car nous sommes bel et bien dans un polar culinaire et l’auteur nous a mijoté une enquête aux petits oignons ! Suspense, humour et dérision sont au menu de ce roman bien écrit que je vous recommande.

14/100 Robin Hobb, « L’assassin royal » 411 pages

Il s’agit du tome 7 de la saga, mais c’est aussi le premier tome du deuxième cycle consacré à Fitz Chevalerie. Quinze années se sont écoulées. Fitz s’est retiré dans une chaumière en pleine forêt avec son fidèle Œil-de-Loup. Trois visiteurs viennent le retrouver tour à tour avec une mission : le convaincre de rejoindre Castelcerf, où règne la reine Kettricken, pour retrouver le prince héritier Devoir, qui a disparu dans de mystérieuses conditions.

Tout d’abord Umbre, son mentor, celui qui a fait de lui l’assassin royal. Ensuite, Astérie, la ménestrelle avec laquelle il entretient épisodiquement des relations amoureuses. Enfin le Fou, ancien bouffon du défunt roi, devenu Sire Doré un noble richissime. Mais, il est surtout le prophète blanc et il a besoin de Fitz, son catalyseur, pour sauver une fois de plus les Six Duchés.

Fitz se confie peu à peu et l’on découvre des bribes de son passé : comment il a appris à maîtriser la magie du Vif, qui lui permet de communiquer avec les animaux. Une magie haïe de tous, et qui vaut à leurs détenteurs une haine terrible. Comment il lutte chaque jour contre la magie de l’Art, qui lui permet de voir en pensée son amour de toujours et leur fille.

Et aussi son attachement à Heure, un jeune garçon qu’il a recueilli. C’est afin de pouvoir offrir un avenir à son fils adoptif que Fitz, désormais appelé Tom Blaireau, va rejoindre la Cour. Mission périlleuse : chacun sait que Fitz portait en lui la magie du Vif et s’il est reconnu, il sera aussitôt mis à mort.

Un tome beaucoup plus lent que les précédents, qui pose les jalons des futures aventures de Fitz. Beaucoup d’émotions aussi, qui rendent ce personnage aussi attachant. Je continue de l’écouter avec Audible, et je félicite encore la lecture exceptionnelle de Sylvain Agaësse. Ce comédien est un doubleur très connu : il a prêté sa voix à l’acteur Stephen Amell dans la série « Arrow » et son palmarès est impressionnant (http://www.dsd-doublage.com/Com%E9diens%20VF/Sylvain%20Aga%EBsse.html)

 

15/100 Jessica Spotswood, « Sœurs Sorcières – Livre I »  403 pages

J’ai découvert ce roman grâce à un groupe de lectures et je dois dire que c’est un immense coup de cœur ! A peine à la moitié du roman, je m’empressais de commander les tomes deux et trois.

Dans ce tome 1, nous faisons la rencontre de Cate et ses deux sœurs : Maura et Tess. Elles vivent dans une Nouvelle-Angleterre imaginaire du début du XXe siècle. Les hommes ont le pouvoir absolu, et surtout l’impitoyable Ordre des Frères, qui fait arrêter toutes celles qui semblent se rebeller, toutes celles qui osent s’instruire et toutes celles qu’ils soupçonnent de pratiquer la sorcellerie. Orphelines de mère, avec un père bienveillant mais constamment absent, elles grandissent dans la peur qu’on ne découvre que, comme leur mère, elles sont sorcières. Des pouvoirs qu’elles ne maîtrisent pas.

C’est l’ainée Cate, qui tente de les protéger, provoquant souvent l’ire de ses deux cadettes. Une mission d’autant plus éprouvante qu’elle va bientôt avoir 17 ans et qu’elle devra faire un choix définitif : se marier ou devenir une Sœur. Son ami d’enfance la demande en mariage, alors qu’un autre jeune homme fait chavirer son cœur. Mais, comment réagiront-ils, s’ils apprennent qu’elle pratique la magie ? La protègeront-ils ou la livreront-ils aux Frères ? Et, pourquoi les Sœurs souhaitent-elles autant recruter Maura ?

Cate découvre le journal intime de sa mère et la terrible prophétie qui s’y cache.

Les 3 sœurs Cahill, Cate, Maura et Tess ont des caractères bien différents, mais on s’attache à chacune d’elles. Même si ma préférence va à Cate. L’auteur a une plume impeccable et c’est plaisant de lire un roman « young adult » aussi bien écrit.

J’ai hâte que le facteur me livre la suite de cette super saga !

 

16/100 Chloé Esposito « Mad » 472 pages

Il s’agit d’un premier tome d’une trilogie et je peux déjà vous dire que ça décoiffe ! L’héroïne est barge complètement et les 50 premières pages, je l’ai détestée ! Egoïste, paresseuse, agressive, sans-gêne, alcoolique et droguée, tarée, voleuse… Comment apprécier une telle héroïne ? Eh bien l’auteure est fortiche, car ensuite, on l’apprécie ! Et, on la comprend ! On découvre comment une mère et une sœur peuvent rendre barge une petite fille !

En dehors de cet aspect, on rit beaucoup. Les situations sont outrancières. Voici le résumé de l’éditeur : « Alvie est une catastrophe ambulante sans avenir, virée de son boulot et même de son appartement par ses colocataires. Tout le contraire de sa sœur jumelle, Beth, qui réside dans une somptueuse villa de Taormine en Sicile avec son mari, un superbe Italien, et son adorable petit garçon. De quoi lui donner des envies de meurtre ! Alors, quand Alvie reçoit un appel de sa sœur qui lui propose un vol en première classe pour la rejoindre, elle ne saute pas immédiatement de joie… avant de céder à l’appel du luxe et du soleil. Mais la gentillesse n’est pas gratuite : Beth lui demande de se faire passer pour elle le temps d’un après-midi.
Cet échange d’identité va se révéler la première étape d’un tourbillon diabolique et irrésistible ! Entre faux-semblants et rebondissements, Alvie se découvre de nouvelles passions peu ordinaires et apprendra que la vie de rêve peut parfois avoir un goût de… sang.
Cette série a été achetée par les studios Universal… Affaire à suivre ! »

C’est évident que ça ferait une super comédie !

17/100 Robin Hobb, « L’assassin royal : tome 8 : La secte maudite »    445 pages

Quel tome incroyable ! Comme j’ai encore tremblé pour Fitz, le Fou et Œil de Nuit ! Suspense, péripéties et émotions toujours au rendez-vous ! Vite, je plonge dans le tome 9 !!!!

Résumé éditeur « C’est sous les traits d’un simple valet suivant son riche seigneur que Fitz et le Fou ont entrepris de partir à la recherche du prince Devoir, disparu dans d’étranges circonstances. Ils sont accompagnés dans leur quête d’Oeil-de-nuit et de laurier, la confidente de la reine Kettricken. Ils ont huit jours pour retrouver la trace du fugitif. Mais ils vont bientôt s’apercevoir que la disparition du prince n’a rien d’une banale fugue. Si Fitz retrouve facilement sa trace à Myrteville grâce au lien qui l’unit à son animal, il va rapidement découvrir que le jeune héritier de la couronne, qu’il considère comme son fils, est sous l’emprise de forces maléfiques poursuivant de sombres visées sur les Six-Duchés… »

 

18/100 Barbara Cartland, « L’enchantement du désert » 190 pages

Retour dans mon enfance, quand je volais en douce pour quelques heures les Barbara Cartland poussiéreux (déjà à l’époque !) cachés dans un placard. Ses aventures me faisaient voyager et les quelques baisers échangés me donnaient à penser que l’amour était vraiment formidable si cela donnait autant de frissons à l’héroïne !

Bon, devenue adulte, l’émoi n’est plus le même, d’autant que les personnages ne sont plus très modernes, niveau mentalité. Tant pis ! Il faut les lire en les plaçant à l’époque où ils ont été écrits. Et le dépaysement est tout de même au rendez-vous…, sans oublier quelques fous rires !

Résumé éditeur : « Après une mission diplomatique périlleuse, Tyrone Strome espérait trouver un havre de paix dans la splendide villa de sa soeur, sur la Côte d’Azur. Espoir déçu! C’est un drame qu’il découvre : son neveu David est au désespoir, prêt au suicide par la faute d’une jeune Américaine, Nevada Van Arden. D’une ensorcelante beauté, d’une cruelle coquetterie…
Pour sauver l’adolescent de cette emprise fatale, Tyrone, animé d’une froide détermination, n’hésite pas à user de la force : il enlève Nevada. Face à cette créature de feu, n’a-t-il pas tort d’être si sûr de lui ? »

 

19/100 Raphaëlle Giordano, « Le spleen du pop-corn qui voulait exploser de joie »      312 pages

Je connaissais cette romancière à travers les titres à rallonge de ses romans :  « Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une », «  Le jour où les lions mangeront de la salade verte », « Le Bazar du zèbre à pois »… Je les trouvais amusants, mais un peu trop « faciles ». Si on ajoute à cela des couvertures acidulées et le fait de savoir que l’auteure est aussi « spécialiste en créativité et développement personnel », je me disais voilà des livres « fabriqués » pour être à la mode du « feel good », qui ornent avec leurs jolies couleurs les tables des libraires avec le même message que des bonbons chez le confiseur : « Croquez-moi ! Sucez-moi ! Vous passerez un délicieux moment ! Quitte ensuite à être un peu écœurée par toute cette douce et sucrée mièvrerie ».

Pourtant, cette année, j’ai sauté le pas, car je devais trouver un titre de roman, qui contienne toutes les lettres de mon prénom. Me voici donc embarquée avec « Le spleen du pop-corn qui voulait exploser de joie ».

Les premières pages ne m’ont guère surprise : une demoiselle a perdu sa joie de vivre de petit pop-corn, à force de travailler comme une acharnée dans une agence de « celebrity marketing qui connecte des talents VIP avec de grandes marques. ». Elle s’oublie totalement tant sur le plan professionnel que personnel (elle est en plus la maîtresse » du patron dont elle est évidemment éperdument amoureuse, alors qu’elle n’est qu’un simple passe-temps). Voilà que l’agence lui confie une énième mission et qu’elle rencontre un charmant jeune homme, qui est tout son contraire dans la vie : jeune patron, complétement cool, qui profite de l’existence. Et quand un ancien pop-corn rencontre un authentique pop-corn, que se passe-t-il à votre avis ?

Bon, c’est vrai, dit comme ça, ça n’a pas l’air extra ; sauf que je l’ai savouré mon petit bonbon. Il m’a fait un bien fou, m’a fait sourire, réfléchir et j’ai passé un super moment de détente. Les personnages sont bien croqués, et on n’est pas loin de reconnaître quelques collègues, voire quelques situations. Ça se lit tout seul et j’ai vraiment, vraiment, apprécié ce roman « feel good ». Alors, c’est certain je vais bientôt aller rencontrer un zèbre à pois ou un lion végétarien. Et c’est certain, ça me fera du bien !